Le Capitaine Fracasse, d'après Théophile Gautier

Publié le par Mordue de theatre

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Critique du Capitaine Fracasse d'après Théophile Gautier vu le 18 juin 2011 au théâtre 14

 

[ Avec Albert Bourgoin, Eric Chantelauze, Marie Cuvelier, Emmanuel Dechartre, Norbert Ferrer, Marine Gay, Frédéric Guittet, Patrick Hauthier, Yvon Martin, Zoé Nonn, Patrick Simon, et en alternance, Michèle Ernou et Claire Maurier, mise en scène Renaud Garcia ]

  

Comme vous l’aurez compris, la pièce est une adaptation du roman de Théophile Gautier : Le Capitaine Fracasse (année du bicentenaire de sa naissance). Et bien, on aurait pu penser que, à partir d’un livre presque destiné à être adapté au théâtre étant donné son thème (le baron de Sigognac accueille une troupe de comédiens dans son château – le lendemain, il part avec la troupe et remplace, par la suite, l’acteur principal), l’adaptation ne pouvait qu’être très bonne : détrompons-nous ! En effet, ce que nous présente Jean-Renaud Garcia, ce n’est pas une pièce avec des longueurs … mais une longueur, et qui dure toute la pièce : 2 heures.  On se demande d’ailleurs si « 2h » n’était pas un but à atteindre, car bon nombre de scènes sont inutiles : prenons par exemple la scène où un des personnages, qui bégayait (chose d’ailleurs rajoutée, et très loin d’être indispensable), nous résume ce qu’on vient de voir. En bégayant. Mais à quoi cela sert-il ?! Pas convaincu ? Alors un autre exemple : après la mort du Matamore (très mal faite par ailleurs : les personnages ont beau répéter « il neige ! il neige », on a du mal à comprendre qu’il meurt de froid), lorsque les comédiens l’enterrent, nous avons droit à une chanson. Pendant 5 minutes. Et les paroles (sans ironie) sont : « Il est mort … Le Matamore … est mort … Mort … Le matamore … Il est mort … » (3 notes différentes pour le tout). Cela ne sert à rien, à part à endormir le spectateur. Une dernière chose enfin : les acteurs précisent au début de la pièce que tout se passe en 1653 (et en profitent pour rappeler aux spectateurs d’éteindre leurs portables) : mais ils ne se gênent pas pour gâcher la belle langue de Gautier et rajouter un « je me fais un peu chi… » . Enfin, la pièce est en vers. En alexandrins. À peu près. Et il y a une sorte de "conteur", joué par Albert Bourgouin... Encore quelque chose qui ne sert à rien … On a tout simplement l’impression que le metteur en scène « s’est fait plaisir », qu’il n’a pas pensé au spectateur, et qu’il a suivi son bon vouloir. Car on s’aperçoit aisément que le résultat est pesant !

Ah mais oui ! J'oubliais quelque chose. L'histoire, lorsqu'elle est jouée sur scène, nous présente du théâtre dans le théâtre. Mais ici, Jean-Renaud Garcia arrive à un tout autre stade : du théâtre dans le théâtre dans le théâtre. En effet, au début de la pièce, les acteurs se demandent ce qu'ils vont jouer aujourd'hui ; et ils décident de jouer Le Capitaine Fracasse : et là je m'insurge ... Combien de fois avons-nous eu droit à ce genre de mise en scène ? Où on voit les acteurs arriver .. et dire "mais que va-t-on faire aujourd'hui ?" ou on peut également les voir découvrir leur texte (cf La Vie Parisienne).

Cependant, on ne peut négliger le travail derrière tout cela. Si ce n’est le travail, c’est le talent des acteurs. Car, même si je n’ai presque pas desséré les dents de toute la pièce (la faute au texte), il est clair que les acteurs donnent le meilleur d'eux-mêmes : mon préféré reste Emmanuel Dechartre, qui joue le marquis (son personnage au théâtre) et également Vallombreuse ; il est par ailleurs directeur du théâtre 14 mais c'est surtout un très bon acteur. Et chez les femmes, j'ai beaucoup aimé Michelle Ernou (celle qui jouait Léonarde ce soir là), qui est peut-être la seule actrice qui a su m'arracher un sourire : en effet, elle est brillante dans son rôle qui nous rappelle Bélise dans Les Femmes Savantes (elle pense que tous les hommes sont secrètement amoureux d'elle) : elle a un vrai talent comique et joue beaucoup là-dessus (d'autres essaient d'être comique mais n'y parviennent pas, comme un acteur du trio - censé être comique - Norbert Ferrer, Yvon Martin et Frédéric Guittet).

 

En conclusion, je n'ai pas aimé, et je commence à me lasser des spectacle du théâtre 14 - en effet, sur les 5 proposés cette année, seul un m'a (énormément, il faut le dire) convaincue : Un de la Canebière, des Carboni. Le reste pouvait être presque bien, voir moyen, ou très très passable, comme celui-ci. Ainsi, l'abonnement l'année prochaine ne se fera peut-être pas ... 

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M
<br /> Eh bien effectivement, tu n'es pas très enthousiaste ! Mais l'histoire est-elle au moins respectée ?<br /> <br /> <br />
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