Avis sur la Comédie-Française, 2e version

Publié le par Mordue de theatre

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Quelques visites sur mon blog et l'on comprend bien vite que c'est là où je passe pas mal de mon temps. La Comédie-Française, il n'y a pas à dire, nous présente le plus souvent des spectacles de qualité soutenus par des comédiens de grand talent. Je vais bientôt voir mon dernier spectacle de la saison ; Cyrano de Bergerac. J'aimerais revenir rapidement sur cette saison, ayant vu près de 15 spectacles au Français cette année. 

J'ai écrit, il y a maintenant presque 2 ans, un article sur le Français. J'étais plus jeune et je m'indignais de la salle si peu attentive et de la scène un peu hypocrite que le premier théâtre de France nous présentait. Aujourd'hui, je crains que mon avis ne change pas, ou peu. La salle est toujours la même. Les portables sonnent, les gens discutent, bougent, soupirent, regardent l'heure. Sur la scène, c'est plus difficile à percevoir. Mais des signes, des anecdotes rapportées, semblent confirmer que parfois, on est plus dans le singulis que dans le simul. Comme cette confrontation sur scène entre deux acteurs lors d'une représentation de Candide. Et comme probablement d'autres événements passés sous silence ...

La Comédie-Française est un lieu qui m'impressionne et sur lequel je m'interroge souvent. Que nous cache-t-on ? Comment est-ce "à l'intérieur" ? Quelle y est la véritable ambiance ? Quel comédien lorgnait quel rôle ? Comment est-ce d'appartenir à pareille troupe ? Quel est la relation entre l'administratrice et les comédiens ? Et la relation entre les comédiens et tous ces acteurs du Français que l'on ne connaît pas : techniciens, maquilleurs, ... ? Comment se déroulent les répétitions ? 

Je suis toujours excitée à l'idée d'aller au Français. Quoi que j'aille voir, j'aime retrouver ces comédiens que je commence à "connaître", dont la voix m'est familière et le jeu pourtant toujours renouvelé. Et puis, disons-le, lorsque le Français rate, il rate en profondeur, et c'est aussi drôle (enfin, sauf pour le porte-monnaie). J'avouerais que je me suis presque amusée à écrire cet article sur Phèdre, malgré mon indignation. C'est toujours plus facile de démonter un spectacle que de l'encenser. Et un ratage aussi complet que celui-ci m'offrait un article entièrement négatif : c'est rare et précieux, il ne faut pas le gâcher. Pour revenir à la pièce, elle est malgré tout la preuve que le Français fait des erreurs ... et n'apprend pas de celles-ci. Car Phèdre est repris l'an prochain. Lisez les autres critiques, je ne suis pas seule négative. C'est Phèdre qu'on assassine dit Armelle Héliot. Alors pourquoi reprendre un tel spectacle ? Encore une question qui demeure sans réponse.

Heureusement, on voit également des spectacles d'un niveau que l'on trouve rarement ailleurs. Je pense à Antigone, ou encore aux Trois Soeurs. Autant de spectacles qui me laissent un souvenir imperissable. Des spectacles qui m'ont émue aux larmes et que j'ai pris plaisir à revoir ou à réécouter (je rappelle qu'Antigone est disponible ici en podcast). Des spectacles où tout est parfait, de la mise en scène au moindre rayon de lumière ou coin d'ombre, d'un haussement de sourcil à un regard noir de mépris.

Le mandat de Muriel Mayette s'arrête bientôt. Sera-t-elle reconduite au poste d'Administratrice du Français ? Car elle a amené du bon, comme du mauvais ... Je mentionnais Phèdre plus haut, mais là n'est pas sa seule erreur, d'après moi... Lorsque j'ai regardé le programme de l'an prochain, j'ai été déçue de l'absence des Cartes Blanches aux comédiens. Dommage que ces moments particuliers aient été supprimés ainsi ... Je me souviens pourtant que la salle était pleine pour la Carte Blanche de Cécile Brune ... Étonnant enfin de retrouver l'an prochain l'École d'Acteur de Pierre Niney : il me semble en effet un peu jeune pour l'exercice, contrastant avec les autres présentées l'an prochain, comme celle de Martine Chevallier. Mais, si certains des choix de Mayette s'avèrent décevant, il faut tout de même lui reconnaître un don pour dénicher des talents : Hecq, Niney, Jenicot, Lopez, Brahim ... ils iront loin. Mais peut-être qu'il faudrait à présent regarnir le Français en femmes, puisque les 6 derniers engagés sont tous des hommes, qui de plus se ressemblent beaucoup ... ?

Une année globalement bonne au Français donc, d'excellents spectacles, des surprises agréables, plutôt beaucoup de musique avec deux cabarets et René Guy Cadou, quelques petites déceptions comme Dom Juan, et un échec important (et pourtant improbable : rater Phèdre à ce point, c'est fou). J'en attends au moins autant pour l'année prochaine : pour moi, on n'a pas le droit de rater Hamlet ; si on le monte, c'est qu'on est sûr de soi.

Bien sûr, et même si je ne l'ai pas mentionné dans cet article, je pense à Dominique Constanza, et à ses proches.

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